De nationalité Japonaise. Née à Tokyo, le 12 Décembre 1994. Âgée de 18 ans. De signe astrologique Sagittaire et de groupe sanguin O+. Exerçant le métier de écrivain. Aux revenus Aisés il paraît.
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Je connais peu de personne capable de vivre dans le silence complet. La plupart des gens le trouvent oppressant, désagréable. Pour moi, il est comme une maison accueillante. Il est toujours près de moi, me protège, quoiqu'il arrive. Grâce à lui, ma vie est devenue plus simple, plus douce. Il est facile de faire semblant de ne pas comprendre des inconnus, de ne pas réussir à lire sur ses lèvres.

Le silence, j'ai bien fait de m'y habitué. Sans ça, je n'aurais sans doute pas survécu, et ce, malgré l'amour que j'ai pu recevoir durant ces dix dernières années.

Les gens pensent que j'ai oublié, ou au moins que j'arrête d'y penser. Mais il m'arrive encore, pourtant, de me réveiller, le matin, et de sentir des pâtisseries imaginaires. Maman en faisait souvent, avant. Avant...Ça me semble si loin pourtant, ce n'est arrivé qu'il y a dix ans.

Je peux dire sans problème que j'ai grandi heureuse. Je me rappelle d'une maison de taille moyenne. Nous n'étions pas pauvres ou riches, juste dans la moyenne. Je ne savais pas, à l'époque, ce que faisaient mes parents, lorsqu’ils allaient travailler. Pour moi, les journées se déroulaient presque toujours de la même manière. Maman m'éveillait puis nous mangions tous ensemble dans la salle à manger. Ensuite, nous nous préparions et partions. Papa et maman me déposaient à l'école puis allaient au travail. Après l’école, maman me récupérait, la plupart du temps, et me ramenait. On goûtait ensemble, je faisais mes devoirs et je jouais dans le jardin. Puis nous mangions et je me couchais, après une histoire racontée par papa. Nous étions une famille heureuse et parfaite.

Les week-ends, si papa ne travaillait pas nous sortions nous promener et il m’apprenait, le soir, à valser. Je valsais souvent, avec lui. J’étais petite, je trouvais ça amusant et je dansais avec mon papa alors c’était fabuleux, dans mon petit esprit.

Arriva le jour de mes huit ans. Papa et maman m’avaient promis qu’on irait à l’aquarium, ce jour-là. J’en rêvais depuis des jours. Il neigeait et j’observais la douce couche blanche s’épaissir autour de la maison par la fenêtre de la cuisine. J’entendais mes parents parler dans le salon puis il y eut un gros bruit. Surprise, j’allais dans l’entrée et entendis une voiture démarrer. Mon premier réflexe fut de sortir et d’aller voir ce qu’il se passait. Je n’avais pas mon manteau, pas d’écharpe, de gants, rien. Juste mes vêtements et mes chaussons. Puis c’est là que tout dérailla. Mon bonheur idyllique se transforma en cauchemar alors que la maison explosait, tuant mes parents sur le coup et explosant mes tympans. Cette explosion fut la dernière chose que j’entendis.

Le séjour à l’hôpital fut horrible. Je n’entendais rien, ne parvenais pas à parler, ne comprenais rien si on ne m’écrivait pas ce qu’il fallait que j’apprenne et on ne me disait presque rien. Je ne savais que trois choses. Un, mes parents étaient morts. Deux, on me cherchait une famille pour m’accueillir. Et trois je n’entendrais plus jamais.

J’ai vite perdu la notion du temps, dans cette chambre, seule et perdue. Je passais mes journées à pleurer la perte de mon ouïe et de mes parents. Tous mes jouets, vêtements, livres, souvenirs avaient beau avoir disparu, je n’en avais rien à faire. J’étais seule dans le silence, désormais. Mon seul parent vivant est ma grand-mère maternelle internée en maison de retraite peu après ma naissance. Autant dire qu’elle fut vite enlevée de la liste des potentielles familles d’accueil. Puis un jour, ils entrèrent. Deux adultes, un couple. L’homme se présenta comme un ami de mon père et me dit que la femme était son épouse. Ils semblaient gentils. Le lendemain, j’étais la fille adoptive de la famille Ishida.

A partir de là ma vie s’améliora, petit à petit. Leur maison était immense et ressemblait aux maisons de princesses et reines dans les histoires que papa me racontaient. Il y avait des serviteurs et j’avais une très grande chambre. C’était fabuleux et me permis d’oublier ma douleur quelques instants. Jusqu’à ce que je me retrouve seule dans ma nouvelle chambre. Ce fut à ce moment-là que je compris que je ne rêvais réellement pas. Mes parents étaient réellement morts.

Mais je n’étais plus réellement seule. Il y avait monsieur Ishida puis sa femme. Et leurs fils, Koichi et Naoki. Ils étaient tous très gentils avec moi, en particulier Koichi. Il passait beaucoup de temps avec moi, après ses cours. Il fut le premier à chercher à apprendre le langage des signes avec moi. Il fut celui qui me convainquit d’apprendre à lire sur les lèvres. En échange, je lui appris à valser. Mais il fut aussi le premier à entendre ma voix. Je n’aime pas parler alors je me tais, la plupart du temps. Mais avec la famille Ishida je parviens à prononcer quelques mots, de temps en temps. Mais je n’aime pas.

J'ai appris, plus tard, que mes parents étaient morts parce qu'ils avaient des comptes à rendre avec un clan Yakuza. Je ne sais pas ce qu'ils avaient à rendre mais il semble que c'était plutôt important, pour qu'ils fassent exploser la maison entière.

J’ai tendance à penser que le fait qu’aucun d’eux ne me connaissait, avant la mort de mes parents, est une bonne chose. Ainsi, ils n’ont pas tendance à vouloir me rendre à nouveau joyeuse, souriante, courant partout et très tête-en-l’air et maladroite. Ma maladresse est toujours là mais le reste est souvent caché sous mon apparence souffrante. Je souffre constamment mais la famille Ishida m’a appris à vivre avec mon passé. C’est grâce à eux si j’arrive à sourire et rire comme avant. Si je n’étais pas sourde, on pourrait sans problèmes dire que je suis heureuse. Mais je vis dans le silence. Et même si j’ai appris à l’aimer, ce silence, il est parfois pesant. Car il semble me murmurer à l’oreille que je suis orpheline, maintenant.

Beaucoup de gens pensent que je ne fais rien de mes journées, étant donné que je ne vais pas en cours. Depuis que je sais parler la langue des signes et lire sur les lèvres, je me cultive en lisant. J’aimais beaucoup lire, avant, et cette passion s’est beaucoup épanouie, avec ma surdité. J’ai aussi découvert un besoin constant d’écrire, de mettre sur papier mes émotions ou celles d’autres personnes réelles ou non. Car oui, je me suis rendue compte qu’écrire est presque une issue de secours, pour moi. Écrire me permet d’évacuer tellement de choses…C’est presque devenu une chose vitale, pour moi. Je n’ai publié que deux livres, pour l’instant mais je suis déterminée. Un jour, tout le monde me connaîtra et les gens ne perdront plus espoir.

Tout le monde peut et doit survivre, quoiqu’il puisse arriver.