Elle ferma les yeux, posa son front sur ses genoux serrés contre elle, les bras entourant ses jambes. Et, sans un bruit, elle pleura, comme toujours. Elle savait que ce serait dur, long et douloureux mais elle avait foi. Elle y arriverait. Elle l'avait toujours cru, jusque-là, pourquoi aurait-il tort, cette fois ? Pourquoi... ? Ce simple mot lui donnait le tournis aussi elle l'effaça de son cerveau et releva la tête, prenant une longue inspiration tremblante, priant, espérant. Il devait avoir raison, encore et toujours. Ou sinon elle n'y arriverait pas, ja-

Yûki appuya sur la touche ''retour arrière'' et la barre clignotante recula, effaçant sur son passage de nombreuses lettres. Elle n'aimait pas cette fin. Elle ne savait même pas si ça pouvait être qualifié de fin. Elle s'était promis d'apporter l'espoir et le bonheur à ses lecteurs, cette fin ne permettrait pas de soulager ou rendre heureux son lectorat. Tout le monde n'avait pas un ami comme en avait un son personnage principal. Elle essayait de vendre de l'espoir mais il arrivait que parfois l'espoir ne soit pas si facile à trouver...

Soupirant silencieusement, Yûki mit en veille son ordinateur et quitta son bureau, portable à la main. Elle avait besoin de se changer les idées, de dormir. Ne pas penser. Car si elle pensait elle penserait au passé ou au futur. Et parfois il valait mieux se concentrer sur le présent, fermer son esprit aux mauvais souvenirs et aux doutes pour ne penser qu'au présent. Éventuellement aux bons moments passés.

La jeune fille enleva son jean et se glissa sous sa couette, gardant son portable dans sa main pour sentir la vibration lorsqu'il sonnerait une heure plus tard. Ainsi, elle aurait les idées plus claires au réveil et aurait sans doute une meilleure idée pour la suite de son livre. Elle se blottit sous la couette, souriant de contentement alors que la douceur et la chaleur du lit lui ouvraient les bras. Fermant les yeux, elle s'offrit à Morphée qui ne tarda pas à venir la cueillir pour mieux la bercer.


Une vibration l'éveilla doucement et elle battit des paupières, un sommeil sans rêves la quittant petit à petit. Son portable vibrait et elle arrêta l'alarme, étant réveillée. A quoi servait qu'il continue à sonner, maintenant qu'elle avait quitté les bras de la douce Morphée ? Ou du doux ? Elle ne s'en souvenait plus et s'en fichait, s'asseyant dans son lit pour mieux s'étirer avant de frotter ses yeux encore embués par le sommeil. Yûki hésita quelques instants puis se laissa tomber en arrière, son dos et son crâne entrant en contact avec son doux matelas et son moelleux oreiller.

Les yeux fermés, elle réfléchit. Les idées se bousculaient, affluaient dans son pauvre petit cerveau qui menaçait de s'arrêter pour ne plus être torturé de la sorte. Mais elle souriait, cette influence d'idées étaient ce qu'elle préférait dans son métier. Avec la satisfaction de savoir qu'elle avait atteint son but.

Des vibrations lui firent ouvrir les yeux, surprise. Son sourire s'élargit et elle s'assit immédiatement en voyant Koichi sur le pas de sa chambre. Elle tendit les bras, grands ouverts, vers lui en sortant de sous sa couverture pour le serrer contre elle. Bon, OK, elle avait pas de jean et était en culotte et t-shirt mais Koichi avait vu pire. Il l'avait vu dans un état bien pire, il y a longtemps aussi elle ne se sentit pas le moins du monde gênée même si elle remit son jean, histoire que lui ne soit pas gêné.

Une fois qu'elle fut rhabillée, ses mains s'agitèrent : « Je ne t'ai pas vu de la journée, où étais-tu ? Tu as fait quoi ? » Certes, elle n'était sortie que trois fois : deux fois pour manger et une fois pour se doucher mais quand même. Lorsqu'elle était passée devant la chambre de Koichi elle ne l'avait pas vu et se serait mentir que de dire que ça ne l'avait pas attristée. Son prince charmant n'avait pas le droit de partir sans la prévenir, non mais !